Publié initialement sur Climate Action le 30 novembre 2023. Publication originale (Uniquement disponible en anglais) : Paulo Martelli on the blended finance solutions FinDev Canada offers to mitigate climate change - Climate Action
À l'approche de la COP28, Climate Action s'est entretenu avec Paulo Martelli, directeur des investissements chez FinDev Canada, pour discuter des solutions de financement mixte proposées par FinDev Canada pour atténuer le changement climatique.
Pouvez-vous m’en dire plus sur le portefeuille de financement climatique de FinDev Canada, plus particulièrement sur les projets d’infrastructures durables auxquels vous participez?
Avant d’entrer dans le vif du sujet, permettez-moi de présenter rapidement FinDev Canada, l’institution financière de développement (IFD) bilatérale du Canada. Notre rôle est d’appuyer le développement des marchés émergents et en développement par le biais du secteur privé, en proposant des solutions de financement, d’investissement et de financement mixte, ainsi qu’une assistance technique.
FinDev Canada fait la promotion d’une croissance durable et inclusive en : soutenant des économies sobres en carbone et résilientes aux changements climatiques; en développant les marchés pour soutenir la création d’emplois de qualité, l’accès au financement et la mise au point de produits et services qui améliorent le niveau de vie et ajoutent de la valeur aux économies locales et régionales; et en intégrant systématiquement l’égalité des genres pour renforcer le pouvoir économique des femmes, réduire les inégalités et stimuler le rendement des entreprises.
Même si FinDev Canada n’existe que depuis quelques années, nous avons déjà financé, avec nos partenaires, bon nombre de transactions qui facilitent la transition vers un avenir sobre en carbone, voire carboneutre. Le financement climatique représente 29 % des 835 millions de dollars américains que nous avons investis à ce jour, et nous sommes déterminés à accroître cette proportion à au moins 35 % d’ici 2025, conformément à notre Stratégie sur les changements climatiques.
Voici des exemples de projets et de plateformes de financement climatique que nous appuyons :
- Climate Investor One (CI1) est une plateforme novatrice de financement mixte qui cible les projets d’énergie renouvelable dans les marchés émergents d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. CI1 finance environ 20 projets, dont des installations côtières d’énergie éolienne, solaire et au fil de l’eau qui accroissent l’énergie renouvelable produite et évitent les émissions de carbone;
- CIFI, l’une des entreprises clientes auxquelles nous sommes venus en aide pendant la crise de la COVID-19, est une institution financière non bancaire qui exerce ses activités en Amérique latine et dans les Caraïbes. CIFI se spécialise en montage et en financement de projets privés, de projets du marché intermédiaire et de projets d’infrastructures. CIFI fait le pont entre les petites et moyennes entreprises locales et les investisseurs internationaux dans le but de financer la construction de projets d’énergie renouvelable (centrales solaires et éoliennes, minicentrales hydrauliques et de biomasse, infrastructures d’eau et d’assainissement) qui réduisent les émissions de CO2;
- Maranatha Solar, un projet de centrale solaire en République dominicaine, fournira de l’électricité propre à prix concurrentiel à environ 6 000 foyers par an, en plus d’alimenter directement le réseau électrique national;
- Genneia est notre premier investissement en Argentine et notre premier prêt direct dans le secteur des infrastructures durables. Ce producteur d’électricité indépendant basé en Argentine augmentera de 200 MW sa production d’énergie renouvelable au pays en construisant deux nouveaux parcs d’énergie renouvelable, dont un solaire et un éolien. La principale société argentine de production d’énergie renouvelable, Genneia exploite un portefeuille diversifié de centrales électriques et gère 24 % de la capacité éolienne installée et 8 % de l’énergie solaire installée du pays.
Quelles sont les solutions novatrices de financement mixte que propose FinDev Canada pour atténuer les effets du changement climatique et faciliter l’adaptation?
GAIA est l’une des initiatives qui nous enthousiasme le plus à l’approche de la COP 28. Cette plateforme de financement mixte axée sur le climat d’une valeur de 1,48 milliard de dollars devrait conclure sa première transaction au deuxième trimestre de 2024. GAIA compte financer des projets d’adaptation et d’atténuation dans les pays émergents et venir en aide à quelque 20 millions de bénéficiaires directs et indirects dans 25 pays en développement et émergents.
Cette plateforme, soutenue par FinDev Canada, MUFG et le Fonds vert pour le climat, investira ses fonds publics-privés dans des actifs à faible teneur en carbone et dans des initiatives d’adaptation et d’atténuation dans plusieurs pays vulnérables au changement climatique, et ce, à une envergure et à une cadence de loin supérieures à l’appétit conventionnel de ses partenaires investisseurs.
Cette plateforme de financement mixte novatrice comprend des mécanismes d’atténuation du risque – tranche de dette concessionnelle subordonnée, tranche de protection de deuxième niveau, couverture de change – qui encouragent le financement climatique des investisseurs institutionnels dans les marchés émergents. En parallèle, une facilité d’assistance technique sera intégrée à la plateforme. L’approche souple de GAIA permettra de canaliser les investissements dans divers secteurs de manière à répondre aux priorités de développement et climatiques propres à différents contextes.
GAIA contribuera directement à plusieurs Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies, plus particulièrement l’ODD 5 (égalité entre les sexes), l’ODD 6 (eau propre et assainissement), l’ODD 7 (énergie propre et d’un coût abordable), l’ODD 9 (industrie, innovation et infrastructure), l’ODD 11 (villes et communautés durables), l’ODD 13 (mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques) et l’ODD 17 (partenariats pour la réalisation des objectifs).
Est-ce que le cadre de déclaration du Groupe de travail sur l’information financière relative aux changements climatiques (GIFCC) est un gage de transparence pour les IFD? Et est-ce que le fait de mieux faire rayonner les activités encouragera les déclarations de la part d’autres organisations?
Des cadres dotés de solides mécanismes de mesure et de reddition de comptes en matière d’action climatique sont indispensables pour évaluer les progrès et l’apport des organisations qui cheminent vers l’objectif net zéro. Même si divers intervenants des secteurs public et privé s’engagent davantage et que le secteur financier a accompli depuis quelques années d’énormes progrès sur le plan de l’intégration de la durabilité aux processus décisionnels, un cadre de déclaration standard est de plus en plus nécessaire pour évaluer si nous sommes sur la bonne voie.
Le GIFCC propose une démarche uniforme qui génère des données que les différentes parties prenantes peuvent facilement consulter et comparer. Ces données sur les risques et les occasions sur le plan du climat représentent aussi un précieux outil pour les investisseurs, pour qui ces facteurs gagnent en importance lorsqu’ils prennent des décisions de placement.
En tant qu’IFD, nous espérons qu’en donnant l’exemple, nous encouragerons d’autres institutions financières à nous emboîter le pas, non seulement en publiant les déclarations standardisées préconisées, mais encore en appliquant les recommandations du GIFCC.
Pour que d’autres organisations adoptent à grande échelle des pratiques semblables, cette réalité commerciale doit être mieux comprise : la mise en place des recommandations du GIFCC et l’amélioration des déclarations relatives au climat rendent les organisations plus résilientes aux risques et aux impacts climatiques, renforcent la confiance des investisseurs, protègent les revenus et augmentent les profits.
En tant qu’IFD, qu’espérez-vous comme résultat à l’issue de la COP 28?
La COP28 est l’occasion unique de multiplier les actions et les engagements en mesure de nous rapprocher des cibles ambitieuses de l’Accord de Paris et des ODD.
À l’heure actuelle, un déficit de financement monstre freine l’atteinte de ces objectifs. En effet, Convergence chiffre à 5 billions de dollars l’investissement mondial annuel indispensable pour atteindre les cibles climatiques établies dans l’Accord de Paris, dont 1,6 billion de dollars strictement dans les pays en développement.
C’est pourquoi nous avons particulièrement à cœur de faire rayonner le rôle de notre IFD en matière d’atténuation et d’adaptation sur le plan climatique, d’échanger avec nos homologues privés et publics sur la structuration du financement mixte à l’appui des infrastructures durables à mettre en place pour atteindre l’objectif net zéro et générer des retombées positives pour la nature, et d’établir de façon générale un dialogue sur la nécessité d’unir nos forces pour contrer au mieux la menace existentielle du changement climatique.
Nous espérons que la COP 28 nous fournira de nouvelles possibilités de mobiliser des fonds privés pour réaliser ces buts au cours des prochaines années. Personne ne conteste l’urgence de la lutte contre le changement climatique et nous savons ce que nous avons à faire. La COP 28 est pour nous toutes et tous l’occasion de faire preuve de leadership et de passer à l’action dans toute la portée requise pour atteindre les cibles ambitieuses des ODD et de l’Accord de Paris. Le temps presse. Il faut agir maintenant.