Par Stephanie Shumsky, Conseillère senior, Gestion des risques environnementaux et sociaux chez FinDev Canada
Alors que les effets de la pandémie COVID-19 ont commencé à diminuer dans de nombreux pays à travers le monde et que les gouvernements passent des mesures d’urgence aux mesures de relance économique à long terme, une question clé se pose pour les décideurs responsables de politiques : comment rebâtir en mieux (#BuildBackBetter)? Comment transformer cette crise en opportunité?
Il existe d’énormes possibilités d’établir une « nouvelle norme », tant d’un point de vue environnemental que social. Bien que des pertes et des perturbations se soient produites dans le domaine de la santé et sur les plans économique et social, COVID-19 a également ouvert la porte à des changements espérés depuis longtemps. Le rôle des investisseurs dans cette transition est important et exigera l’alignement de la stratégie et de l’investissement actif avec le développement durable.
Dans un récent document de réponse politique au Coronavirus[i], l’OCDE a défini cinq volets clés pour « rebâtir en mieux » :
- S’aligner sur les émissions nettes de zéro GES
- Renforcer la résilience climatique
- Réduire la perte de biodiversité
- L’innovation qui s’appuie sur des changements de comportement
- Améliorer la résilience et la circularité de la chaîne d’approvisionnement.
Nous examinons ci-dessous certains de ces volets et expliquons dans quelle mesure l’approche de FinDev Canada peut contribuer à « rebâtir en mieux ».
Impact de COVID-19 sur les émissions de GES
À la suite d’importants confinements dans le monde, les émissions mondiales quotidiennes de CO2 avaient diminué de 17 % au début d’avril 2020 comparativement au niveau de 2019. Près de la moitié de ces changements provenaient de réductions dans les transports terrestres : automobiles et camions[ii].
Cependant, d’autres crises économiques dans le passé n’avaient entrainé que des réductions d’émissions de GES temporaires suivies d’un retour à des niveaux de émissions précrise une fois la normalisation de la croissance économique. Par exemple, la crise financière mondiale de 2008-2009 a causé une réduction des émissions mondiales de CO2 de -1,4 % en 2009, mais a été immédiatement suivie d’une croissance des émissions de +5,1 % l’année suivante, ce qui a remis la planète sur la même trajectoire d’émissions perturbatrices du climat. Cela pouvait laisser croire que la crise n’avait pas eu lieu [Ibid].
Nous avons donc devant nous une occasion importante d’aligner les plans de relance économique sur des systèmes zéro carbone axés sur la résilience climatique et les énergies renouvelables en vue de soutenir une accélération de la transition vers une économie zéro carbone et de mettre notre planète sur une trajectoire climatique plus résiliente.
Même avant la crise COVID-19, l’approche de FinDev Canada s’alignait sur ces recommandations, car nous analysions des transactions potentielles et la surveillance du rendement dans une optique d’atténuation des changements climatiques et d’impact sur le développement et d’adaptation depuis nos débuts en 2018. Notre travail de recherche et de financer de projets de soutenir la atténuation du changement climatique est plus important que jamais, et se reflète dans nos investissements dans des fonds d’énergie renouvelable comme Climate Investor One and JCM Power, qui sont attendu d’éviter respectivement 1 200 000 tonnes et 940 000 tonnes d’émissions de GES dans les marchés émergents jusqu’en 2040, en plus d’un impact social positif et de rendements financiers positifs.
Prévenir les risques futurs
Dans le cadre de sa campagne #BuildBackBetter, le Forum économique mondial encourage les investisseurs à évaluer les risques liés au climat dans le cadre de leurs investissements et de leurs stratégies afin de veiller à ce que leurs clients considérer et atténuer les risques climatiques physiques et de transition, ainsi que pour éviter les actifs échoués[iii].
Conformément à sa Politique environnementale et sociale, FinDev Canada cerne et évalue les risques environnementaux et sociaux; notamment les changements climatiques, et collabore avec ses clients pour veiller à ce que ces risques aient été évalués et que des plans soient en place pour réduire la probabilité et la gravité de tout impact négatif. Nous nous appuyons sur des critères de performance, comme les normes de performance de la Société financière internationale sur la durabilité environnementale et sociale pour évaluer le changement climatique et d’autres risques tout au long du cycle de vie d’un investissement, tout en observant l’évolution des conditions dans les pays et les secteurs où nous sommes présents. Par exemple, avant d’investir dans le fonds Africa Forestry Fund II, nous avons tenu compte des risques d’émissions environnementales et de GES des activités du projet ainsi que les facteurs de mitigation appropriés que notre client a mis en place, tels que son système de gestion environnementale et sociale et ses engagements dans le cadre du Forest Stewardship Council (FSC) et de la Forest Management Certification.
Une reprise verte riche en emplois
La perte massive et inégale d’emplois provoquée par la pandémie COVID-19 a accentué les inégalités sociales et économiques et a fait basculer environ 71 millions de personnes dans l’extrême pauvreté[iv]. En raison de la crise, près de 305 millions d’emplois sont potentiellement menacés[v] et des organisations dans le monde entier préconisent une reprise verte riche en emplois, y compris le programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), la World Resources Institute et le Forum économique mondial.
De l’éclairage solaire à l’agriculture intelligente pour le climat, les clients de FinDev Canada ont prouvé dès le départ que la protection de la nature peut créer des emplois plutôt que les freiner. Par exemple, l’engagement de M-KOPA envers des solutions d’éclairage à énergie solaire et le recyclage des déchets électroniques prévoit la création de 2 000 emplois à temps plein et 10 000 postes commerciaux d’ici 2030, soit une augmentation de plus de dix fois.
Conclusion
#BuildBackBetter est devenu le nouveau slogan pour les gouvernements et les décideurs politiques alors qu’ils travaillent à concevoir une relance post-COVID-19 et qu’ils commencent à envisager à quoi pourrait ressembler notre monde après la pandémie. En effet, nous nous demandons tous si un retour à l’ancienne façon de faire est réellement souhaitable ou si nous voulons saisir cette occasion pour réduire les émissions mondiales de GES, considérer les risques climatiques importants quand nous décidons où investir et créer des emplois dans les secteurs d’avenir comme les énergies renouvelables et la foresterie durable.
Tous les types d’investisseurs, incluant les institutions de financement internationales comme FinDev Canada, joueront un rôle important pour façonner les programmes de relance post-pandémie. Nous sommes fiers du fait que nos politiques et pratiques existantes soient déjà fortement alignées sur les recommandations environnementales et sociales formulées par les intellectuels et les groupes de réflexion les plus éminents du monde dans le cadre des discussions #BuildBackBetter, et nous nous engageons à mettre en œuvre ces idées quotidiennement.