En ce début d’année, j’ai le temps de réfléchir à beaucoup de choses. Je me demande par exemple qu’est-ce qui empêche les gens de dormir sur leurs deux oreilles?
Lorsqu’on a du mal à dormir, c’est généralement parce qu’on est fébrile, inquiet, voire fébrile et inquiet en même temps. Alors, qu’est-ce que cela signifie pour moi, comme directrice générale d’une institution financière du développement et comme personne qui habite cette planète que nous appelons la Terre?
L’ampleur des défis de développement dans les marchés émergents et les économies en développement (EMDE) est pour moi une source d’inquiétude, particulièrement le fossé qui nous sépare de l’objectif à atteindre pour contrer le changement climatique.
Je m’inquiète aussi quand je pense aux capitaux nécessaires non seulement pour atténuer le changement climatique, mais aussi pour nous adapter à ses impacts. Selon de récentes données, il faudrait investir 2 000 milliards de dollars américains chaque année dans les EMDE pour respecter les cibles de l’Accord de Paris. Cela représente cinq fois ce que nous investissons aujourd’hui et sept fois l’investissement requis d’ici 2040.
Une autre source d’inquiétude? L’écart gigantesque entre l’ampleur colossale des investissements requis et les capitaux dont dispose le secteur public pour lutter contre le changement climatique, dans les pays tant en développement que développés.
Vous comprendrez qu’en pensant à tout ça, je ne dors pas bien du tout! Et c’est peut-être votre cas aussi!
Heureusement, d’autres choses me donnent espoir, par exemple le potentiel d’entraînement des capitaux privés, les 120 000 milliards de dollars d’actifs gérés par les banques et les investisseurs institutionnels, sans oublier les capitaux de philanthropes et d’autres investisseurs. L’argent est là. Réfléchir à des moyens de débloquer ces fonds, ça crée chez moi un vent d’enthousiasme.
Une initiative qui m’emballe plus particulièrement? La plateforme GAIA, qui pourrait transformer le financement climatique.
Qui est Gaïa? Gaïa est la déesse grecque de la Terre. Mais elle a aussi inspiré une autre GAIA.
Qu’est-ce que GAIA? GAIA est avant tout une plateforme. Cette plateforme de financement mixte d’un montant de 1,5 milliard de dollars américains facilitera le financement de projets à fort impact sur le climat dans quelque 25 marchés émergents.
GAIA est également un modèle pouvant être reproduit pour catalyser le financement privé à grande échelle et faciliter la transition des marchés émergents vers une croissance sobre en carbone et résiliente au changement climatique, dans le respect de l’Accord de Paris.
Pourquoi cette initiative est-elle importante? Parce qu’elle va à la rencontre du secteur privé là où il se trouve, en reconnaissant et en respectant la dynamique risque-rendement. La structure de GAIA tient compte de cette dynamique de manière à ce que les fonds privés investis augmentent parallèlement aux risques gérés.
La plateforme GAIA a été conçue et développée par FinDev Canada et le Mitsubishi Financial Group (MUFG), dans le cadre d’un partenariat qui a vu le jour lors de la COP26 à Glasgow. Je suis ravie que Climate Fund Managers, les gestionnaires de Climate Investor One (le deuxième placement de l’histoire de FinDev Canada), aient été choisis comme gestionnaires de placement et Pollination, comme partenaire-conseil.
En mettant à profit des sources auparavant inaccessibles, cette plateforme de financement mixte d’une valeur de 1,5 milliard de dollars facilitera l’octroi de prêts à long terme destinés à des projets d’adaptation au changement climatique et d’atténuation, et ce, dans les marchés où les besoins sont les plus pressants. GAIA crée quelque chose de nouveau en réunissant capitaux commerciaux, concessionnels et philanthropiques.
La structure tire parti de l’effet d’atténuation des risques de la protection de premier niveau du Fonds vert pour le climat, approuvée l’année dernière lors de la réunion du conseil d’administration du Fonds, fait appel à une assurance commerciale et est dotée de mécanismes de couverture des risques de change et d’assistance technique pour faciliter la gestion du dernier kilomètre d’un projet. Grâce à cette combinaison hautement efficace et innovante de partage des risques entre le secteur public et le secteur privé, il sera possible de réunir davantage de fonds privés destinés à la lutte contre le changement climatique, soit dans un rapport de 1:4.
Parmi les 25 marchés en développement ciblés par GAIA, 25 % des fonds seront dévolus aux pays les moins avancés (PMA) et aux petits États insulaires en développement (PEID) et 70 %, dans des projets d’adaptation. La structure et la mission de GAIA répondent aux besoins du marché et tiennent compte des obstacles critiques qui freinent les investissements privés dans des projets climatiques sur les marchés émergents.
L’impact? Grâce à son cadre d’impact exhaustif, FinDev Canada aura une influence positive sur de vastes capitaux privés. On s’attend à ce que GAIA vienne en aide à quelque 6,5 millions de bénéficiaires directs et 13 millions de bénéficiaires indirects, contribue à réduire les émissions de gaz à effet de serre de plus de 30 millions de tonnes de CO2, et soutienne l’adaptation des pays ciblés aux réalités du changement climatique.
Globalement, la plateforme permettra de financer les mesures d’adaptation et d’atténuation mises en place pour respecter les engagements relatifs aux contributions déterminées au niveau national et autres priorités climatiques sur ses marchés cibles. Je suis très fière du travail accompli par FinDev Canada et MUFG pour lancer cette solution novatrice. Et je ne suis pas la seule à reconnaître cette réussite : GAIA a récemment été couronnée la meilleure initiative d’investissement mixte axée sur les contributions déterminées à l’échelle nationale de l’année dans le cadre des African NDC Investment Awards, et ce, en raison de sa capacité d’améliorer considérablement les projets de ce type en Afrique.
Le potentiel de GAIA me remplit d’espoir. Et oui, même si cet état de fébrilité ne facilite pas mon sommeil, je dors tout de même un peu mieux et j’espère qu’il en sera de même pour vous!