Par Charles Benoit, agent d’impact spécialisé en action climatique chez FinDev Canada
Bien que les institutions financières produisent directement des quantités très limitées d’émissions de gaz à effet de serre (GES), leurs émissions financées, qui sont associées à leurs activités d’investissement et de prêts, sont généralement de 100 à 1 000 fois plus importantes que les émissions émanant de leurs opérations, ou les émissions de portée 1 et 2 dans le jargon de la comptabilisation du carbone . Toutefois, jusqu’à récemment, il n’existait pas de norme ou de méthodologie reconnue mondialement pour calculer ces émissions financées.
Cette situation a changé en novembre 2020, lorsque le Partnership for Carbon Accounting Financials (PCAF) a publié la Global GHG Accounting and Reporting Standard for the Financial Industry (en anglais). Avec la mention « Conforme au Protocole des gaz à effet de serre », cette norme devient la référence mondiale pour mesurer les émissions de GES financées. Elle a été lancée à la suite d’une consultation publique réunissant des institutions financières, des décideurs, des fournisseurs de données et des organisations de la société civile.
La norme du PCAF permet aux institutions financières de mesurer et de divulguer les émissions de GES financées par leurs prêts et leurs investissements. La normalisation de la comptabilisation du carbone est essentielle pour que les institutions financières puissent harmoniser leur portefeuille avec les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat – visant à maintenir la hausse de température en dessous de 2 °C d’ici 2100, et idéalement en dessous de 1,5 °C. La norme du PCAF permet aux institutions financières de rendre compte des émissions de manière transparente et comparable, ce qui est essentiel pour augmenter les flux de capitaux vers le financement durable.
Le 22 mars 2021, nous nous sommes joints à plus de 100 grandes institutions financières qui sont déjà membres du PCAF et nous nous sommes engagés à mesurer et à divulguer les émissions de GES associées à nos prêts et à nos investissements.
Pourquoi appuyons-nous PCAF?
FinDev Canada s’est engagé à agir pour le climat depuis son lancement en 2018. L’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques est l’un de nos trois objectifs prioritaires de l’impact sur le développement et joue un rôle clé dans la réalisation de notre mandat. Nous reconnaissons que les émissions financées par FinDev Canada sont beaucoup plus élevées que les émissions de portée 1 et 2 émanant de nos opérations, surtout que notre siège social est alimenté par une source d’électricité renouvelable. D’autres sources d’émissions de GES de portée 3, comme les voyages d’affaires, représentent également une fraction des émissions de nos prêts et investissements.
C’est pourquoi nous nous sommes engagés à mesurer et à divulguer les émissions de GES associées à notre portefeuille de prêts et d’investissements conformément à la norme du PCAF. Une meilleure compréhension des effets climatiques de nos activités d’investissement est une première étape pour harmoniser notre portefeuille avec l’Accord de Paris sur le climat et atteindre collectivement la carboneutralité d’ici 2050.
En plus de notre engagement à mesurer et à divulguer les émissions des entreprises que nous finançons, nous soutenons également les solutions climatiques en investissant dans les énergies renouvelables (Climate-Investor One (en anglais), JCM Power, CIFI) et dans les entreprises d’énergie hors réseau (M-KOPA Solar). Ces investissements permettent de réduire considérablement les émissions de GES en remplaçant des sources d’énergie provenant de combustibles fossiles. Nous appuyons également des entreprises forestières en Afrique subsaharienne (Miro Forestry Africa Forestry Fund II). Leurs plantations forestières contribuent également à atténuer les changements climatiques par la séquestration du carbone de l’atmosphère.
Comment PCAF s’inscrit-il dans l’approche d’impact sur le développement de FinDev Canada?
Notre soutien au PCAF cadre bien avec l’approche de FinDev Canada en matière de mesure d’impact et de divulgation. PCAF est un forum de collaboration entre les institutions financières du monde entier visant à faciliter l’harmonisation de l’évaluation et la divulgation des émissions de GES financées par des prêts et des investissements. Nous nous joignons à un nombre croissant d’institutions financières qui ont également signé la lettre d’engagement du PCAF, y compris d’autres institutions financières de développement (IFD) comme le CDC Group du Royaume-Uni et le FMO des Pays-Bas, certains de nos clients comme FirstRand Bank et Produbanco, ainsi que les principales institutions financières du Canada, à savoir la BMO, la CIBC, Desjardins, la Banque Royale, la Banque Scotia, TD et Vancity. Ensemble, nous continuerons de collaborer pour promouvoir la transparence et l’uniformité dans la comptabilisation du carbone.
Notre soutien pour PCAF est également conforme à la mise en œuvre par FinDev Canada des Principes directeurs de la gestion des retombées (les Impact principles). En avril 2019, FinDev Canada a été parmi les premiers signataires de cette initiative. Ces Principes fournissent un cadre aux investisseurs pour s’assurer que les considérations relatives aux impacts sont volontairement intégrées dans l’ensemble du cycle de vie des investissements. La norme du PCAF fournit un cadre reconnu à l’échelle mondiale pour évaluer l’impact de chaque investissement en ce qui concerne les émissions de GES et surveiller le progrès au fil du temps.
Enfin, nous collaborons également avec des institutions financières de développement à l’élaboration du Joint-Impact Model (JIM) (en anglais), conformément à notre engagement envers PCAF. Le JIM a pour but d’aider les investisseurs à mesurer et à divulguer les impacts indirects des prêts et des investissements, y compris les émissions de GES financées. Pour les compagnies en portefeuille qui ne mesurent pas leurs émissions de GES, le JIM est un outil puissant pour estimer ces émissions conformément à la norme du PCAF.
[1] The Economist (2020). Making sense of banks’ climate targets