Dans les pays en développement, les entrepreneurs ont du mal à trouver le financement voulu pour prendre de l’expansion, et ainsi créer de l’emploi et réduire la pauvreté. Le Canada s’est maintenant doté d’une institution de financement afin de combler ce manque.
La plupart d’entre nous n’hésitent pas à se payer un café chaque matin. Mais saviez-vous que des centaines de millions de gens dans le monde n’ont même pas l’équivalent du prix d’un café pour subvenir à leurs besoins quotidiens?
Selon l’Organisation des Nations Unies, plus de 700 millions de personnes vivraient sous un seuil de pauvreté établi à 2 $ par jour, dont la grande majorité en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud.
Plus de gens encore souffrent du chômage et du sous-emploi de façon chronique ainsi que du manque de services de base comme l’eau potable, les routes et l’électricité.
Et nous savons que la pauvreté est sexiste. Il n’est pas question ici d’une campagne de collecte de fonds; c’est un fait. Partout, les femmes sont touchées par la pauvreté de manière disproportionnée. Dans environ 155 pays, au moins une loi nuit aux débouchés économiques pour les femmes, et dans 100 économies, les femmes doivent faire face à des restrictions d’emploi fondées sur le sexe.
Comment pouvons-nous aider? Sur la scène mondiale, le Canada a longtemps lutté contre la pauvreté par sa contribution à des organisations multilatérales comme la Banque mondiale et à des organisations non gouvernementales, ou dans le cadre de ses propres programmes.
D’autres pays du G7 adoptent depuis un certain temps une autre approche : susciter la participation du secteur privé pour faire avancer leurs objectifs en matière de développement. Dans les pays en développement, les entrepreneurs ont du mal à trouver le financement dont ils ont besoin pour prendre de l’expansion, et ainsi créer de l’emploi et réduire la pauvreté. L’investissement dans les petites et moyennes entreprises est généralement considéré comme trop risqué par beaucoup d’institutions financières internationales, et même les banques locales ont un appétit pour le risque limité en ce qui concerne le soutien à l’entrepreneuriat. Il y a donc un sérieux déficit de financement dans les pays en développement, tout particulièrement dans les plus pauvres. Pour la première fois, le Canada va de l’avant avec une initiative visant à combler ce manque.
C’est pour moi un honneur d’avoir été récemment nommé à la direction de la nouvelle institution de financement du développement du Canada, FinDev Canada. Mon défi : établir rapidement une institution financière qui offrira diverses formes de capitaux (prêts, capital-actions, investissements et garanties bancaires) pour stimuler la croissance du secteur privé dans les pays en développement, générer d’importantes retombées pour le développement et améliorer les conditions de vie des gens de ces pays.
Voici comment nous entendons tailler notre créneau :
Accent sur les femmes
Les femmes sont au cœur du développement, car elles consacrent plus d’argent aux dépenses familiales propres à améliorer les moyens de subsistance comme les aliments, les médicaments et l’éducation. Il a d’ailleurs été démontré que les investissements ayant des répercussions positives sur la vie des femmes et des filles ont un effet non seulement sur elles, mais aussi sur leur famille, leur collectivité et l’économie locale, et par conséquent, leur pays. La Politique d’aide internationale féministe du Canada nous servira de guide pour les prochaines étapes.
Mesure de la réussite en fonction de la pauvreté
Les institutions de financement du développement sont des institutions financières, et comme les autres, FinDev Canada se doit d’être viable financièrement. Toutefois, la prise de décisions ne sera pas uniquement fondée sur des motifs financiers, toutes les transactions devant aussi entraîner des effets positifs. Ces deux aspects sont importants afin que les retombées pour le développement soient durables et que les entreprises continuent de s’épanouir et de croître ensuite, même sans notre appui.
Recherche de solutions écologiques
Nous pouvons changer les choses en créant des emplois, mais aussi en privilégiant des solutions « vertes » adaptées à la fois aux besoins commerciaux et sociaux.
FinDev Canada explorera les occasions d’affaires dans les secteurs de l’énergie renouvelable, des infrastructures énergétiques, et de l’approvisionnement en eau et des services sanitaires, et fera en sorte que ses investissements contribuent à assainir l’environnement.
En tant que nouveaux venus, nous avons l’avantage de pouvoir apprendre des autres. Nous pouvons nous inspirer de ce qui a fonctionné et veiller à ne pas répéter les erreurs. Nous visons une approche agile et novatrice. Au lieu d’établir des exigences, nous voulons écouter les clients pour connaître leurs besoins et concevoir des produits financiers qui y répondent.
Je travaille dans ce créneau depuis maintenant plus d’une décennie, et j’ai constaté l’efficacité de cette approche.
Si nous voulons vraiment réduire la pauvreté, nous ne pouvons faire cavalier seul. C’est pourquoi FinDev Canada entend mobiliser d’autres organisations du secteur privé aux vues similaires.
Grâce à FinDev Canada, le pays est mieux outillé pour atteindre ses objectifs de développement. Je suis certain que le monde entier a le regard tourné vers FinDev Canada alors qu’elle fait ses débuts, et que sa venue fera mieux connaître les activités de développement international du Canada.
Voilà exactement le genre de défi qui me donne le sourire quand je me lève le matin!