Au début du mois de novembre, j’ai eu l’occasion de prendre la parole lors d’un groupe de discussion à la Faculté de gestion Desautels de l’Université McGill. Fanny Doucet de la Banque Scotia, notre modérateur Sébastien Betermier de Desautels et moi-même avons ainsi échangé sur le thème « La route vers la carboneutralité ». Vous pouvez voir notre discussion ici (anglais seulement):
Le changement climatique constitue une crise existentielle qui se répercute de plus en plus sur toutes les sphères de la société : l’environnement, l’économie, les soins de santé, le transport, et l’immigration. La crise se fait déjà sentir à tous ces niveaux et les conséquences ne feront que s’aggraver.
Le nombre croissant d’engagements en faveur de la carboneutralité dans tous les secteurs économiques est donc encourageant. Mais en faisons-nous assez? Allons-nous assez loin? Agissons-nous assez vite?
Pendant la discussion, j’ai expliqué ce que nous devons faire pour tracer une voie crédible vers la carboneutralité et j’ai fait mon bilan personnel de la situation actuelle.
La première étape indispensable pour atteindre la carboneutralité? Se fixer des objectifs. Dire qu’il faut « ralentir les effets des changements climatiques » ne suffit pas : nous devons définir précisément à quoi cela va ressembler. L’Accord de Paris a établi une cible claire (1,5 degré) soutenue par la surveillance et l’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Les engagements pris à Paris ont ensuite été traduits en contributions déterminées au niveau national (CDN), qui énoncent les objectifs d’un pays donné. Divers secteurs économiques se dotent également de leurs propres cibles.
La deuxième étape concerne l’information. Quelle voie devons-nous prendre pour éliminer le carbone? Comment allons-nous réaliser nos objectifs? Malgré les efforts considérables déployés pour répondre à ces questions, les progrès sont lents et de nombreuses lacunes subsistent.
La troisième étape consiste à mettre en place des mesures incitatives pour encourager les comportements propices à l’atteinte de notre objectif global. Il faut privilégier des approches axées sur la carotte et le bâton, mais en toute franchise, c’est loin d’être le cas dans de nombreuses parties déterminantes du monde.
Enfin, il faut mesurer et rendre des comptes, par exemple en diffusant publiquement les progrès (ou l’absence de progrès) par l’intermédiaire d’entités comme le Groupe de travail sur la divulgation de l’information financière relative aux changements climatiques, ou encore les diverses déclarations requises dans le cadre des CDN. Mais jusqu’à présent, l’impact global des progrès à cet égard est faible.
Il est clair que nous avons du pain sur la planche et qu’il faut donner un coup d’accélérateur pour atteindre la cible répétée comme un mantra à Glasgow l’an dernier, soit de garder vivant l’objectif d’une hausse maximale de 1,5 degré. Cela dit, malgré mon bilan relativement critique des progrès dans ces quatre domaines, j’ai bon espoir qu’avec de la bonne volonté, la mobilisation de groupes comme les étudiants avec qui nous avons parlé lors de cette activité et notre volonté individuelle de changer les choses, nous pouvons y arriver.
Je remercie Sébastien et Fanny pour une discussion fort intéressante sur ce sujet crucial. La route devant nous est longue, d’où l’importance d’avancer main dans la main.